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Dès 1783

Charisme et fondations d'hier et d'aujourd'hui






Ouverture du procès
en vue de la béatification :
13 mai 1783
Proclamation de l'Héroïcité
des vertus de Benoît-Joseph Labre :
22 mai 1842
Béatification :
20 mai 1860
Canonisation :
8 décembre 1881



Un arbre planté, au bord du chemin, dans le souffle de l'Esprit Saint, afin d'offrir les fruits de la "Bonne Nouvelle de Jésus-Christ" aux maraudeurs comme aux pèlerins.


Le procès d'information en vue de la béatification (qui aura lieu le 20 mai 1860), de celui qui allait devenir Saint Benoît-Joseph Labre le 8 décembre 1881, est ouvert officiellement par l'Abbé Marconi, le 13 mai 1783. Au cours de l'audition des témoins, comme de l'examen des guérisons attribuées à Benoît-Joseph, de nombreux échanges ont lieu entre les membres de ceux qui constituent le Tribunal. Parmi ceux-ci, surgit soudain un adversaire aussi virulent qu'inattendu : le Père Piccilli. Ce dernier, membre de la Compagnie des Ouvriers Pies (dont il se verra, plus tard, exclure), consultateur de la Congrégation des Rites, docteur en médecine, avait tout d'abord voué une admiration qui pût être parfois débordante, au "pèlerin de l'Europe
".

Mais contre toute logique apparente, lors de la désignation du postulateur de la cause, le Père Piccilli se déclare, et se découvre, un adversaire acharné du "pauvre Français
". Il fut possible de comprendre, par la suite, que cette attitude fut très probablement dictée par le dépit qu'il éprouvait de ne pas avoir été lui-même désigné.

Grégoire XVI (1831-1846)

S'appuyant sur l'admiration qu'avait voué Benoît-Joseph aux écrits particulièrement austères du Père Lejeune (Père l'Aveugle), oratorien, il voulait convaincre le Saint des Quarante Heures de jansénisme étroit et dangereux. Pour se faire, il rameuta nombre d'hésitants ou de réfractaires à la sainteté des indigents. Le Père Piccilli trouva un appui prévisible en la personne du Cardinal de Bernis, représentant du Roi de France, en laissant circuler l'hypothèse que la Compagnie de Jésus, honnie par Versailles, pouvait travailler dans l'ombre à la glorification de Benoît.

Lorsque l'on sait combien notre "fol en Dieu" de l'Eglise Latine prit un soin scrupuleux de se tenir toujours à une grande distance, tout autant des modes que des pressions idéologiques, cela ne peut que faire sourire, même si le parti pris reste navrant.

Tout ceci n'empêche nullement le déroulement de la procédure. Ce qui conduit le Pape Grégoire XVI,  le 22 mai 1842, à proclamer l'Héroïcité des vertus du Serviteur de Dieu, qui devint, ainsi, Vénérable.


Ulcéré, le Père Piccilli n'en continua pas moins à essayer d'embrouiller les têtes, tout autant que les âmes, et prit soin de mettre "à l'abri" autant qu'il le pût, aussi bien pendant qu'après le décret de vénérabilité, un certain nombre de documents se retrouvant entre ses mains.

Parmi ceux-ci une lettre retrouvée dans les archives de la Compagnie des Ouvriers Pie (Rome IX - 28) concernant "I Fratelli della Strada
", première "famille" labrienne, suscitée le jour de la proclamation de l'Héroïcité des vertus de Benoît-Joseph Labre, en 1842.

Cette lettre, fut écrite en 1848 par le fondateur  frère Jean-Antoine Antoniani (1768-1850) qui fit partie de ceux dont la guérison miraculeuse fut retenue lors du déroulement du procès, et qui connut Benoît Joseph à l'Hospice de St Martin aux Monts, à Rome. Celui-ci s'adresse au groupe de frères dont il est, selon ses termes, le serviteur et avec lesquels il partage l'accompagnement et le soulagement des  pauvres qui hantent les ruelles romaines et de ceux -pas toujours les mêmes- qui s'abritent dans les différents hospices.

Ce document qui a dû subir une double traduction, puisqu'il fallut passer du dialecte populaire romain du début du XIXe siècle à l'italien contemporain, et de celui-ci au français, a essayé de conserver pleinement l'Esprit de Celui qui l'a réalisé tout en devant adapter certaines formulations, quasiment intraduisibles, ou par trop surannées.

Il n'empêche que ce texte peut être regardé par tous les frères et soeurs de St Benoît Labre, dans le monde, comme la première description du charisme dont ils se trouvent héritiers, à travers leur Père spirituel.

Frère EXUPERIEN, 1829-1905 :
Le décret de validité des procès
en vue de sa béatification,
a été promulgué le 06 avril 1979.
Le dossier pour l'examen
de l'héroïcité des vertus est
en préparation.

En  1858, un rameau de cette première fondation se développera pendant quelques années en France, à partir de l'acte de foi posé par un ancien soldat, frère Louis de Jésus (Jean Louis Porcher), du département de Seine & Oise de l'époque.

« La pauvreté évangélique dont le bienheureux Benoît Joseph fut le témoin, est davantage celle du renoncement aux certitudes égoïstes et aux jugements téméraires, que celle de la vermine qu’il conserva comme silice. »
Frère Louis de Jésus 1859

Ces "frères de la Rue
" appelés plus vulgairement "frères surinards", tout autant à cause du couteau qu'ils portaient à la ceinture que du fait que plusieurs d'entre eux s'étaient convertis en prison et s'attachaient à annoncer l'Evangile à ces  "mauvais garçons" qui ne rejoignaient les beaux quartiers que pour des motifs très discutables...  La fondation italienne s'éteignit en 1860 et cette seconde fondation française ne survécut que quelques années.

Cependant... dès 1843, le frère Philippe, Supérieur Général des frères des Ecoles Chrétiennes suscite l'apparition des "œuvres de Jeunesse". Et en 1879, 23 patronages regroupant 3500 jeunes sont déjà créés à Paris. C'est à cette époque que celui qui allait devenir le Vénérable Frère Exupérien
, lui-même assistant du Frère Supérieur Général, exprime alors à l'Abbé Chaumont une conviction qui ne devait pas rester lettre morte :

"Il se trouve certainement dans ces patronages des jeunes gens que transformerait en apôtre un engagement plus radical."

Monseigneur Louis Gaston de Ségur (1820 - 1881),  fondateur des patronages pour les jeunes ouvriers, suivait, avec grand  intérêt et une tendre affection, les efforts de ses fils spirituels. En particulier, de l'Abbé Gabiller,  aumônier des Frères des Ecoles Chrétiennes, puis des "enfants de la rue Lecourbe", chez les frères de St Jean de Dieu.

Celui-ci devait établir, avec l'Abbé Chaumont, le premier et le plus proche des fils spirituels du "Prélat aveugle" (Mgr de Ségur fut aveugle pendant 25 ans) et le frère Exupérien, des Ecoles Chrétiennes, l'Association des  St Labre
regroupés sur Paris et la Région parisienne.

Le 8 octobre 1882, 21 jeunes hommes donnent leur adhésion à un texte en 16 résolutions qui devenait ainsi la règle des  « Saint Labre 
».  Lorsque plusieurs de ces jeunes se sentirent appelés au sacerdoce, les "Prêtres de Saint Labre" furent fondés à leur tour, sous la présidence du Chanoine Fichaux, puis plus tard, furent fondés les "Amis de St Labre" pour ceux qui avaient choisi la vocation du mariage.

Il est évident que le frère Exupérien, comme ceux qui l'entouraient ne pouvaient ignorer l'existence et la préoccupation des plus pauvres qui animaient tout autant les "Frères de la Rue" de Rome que ceux de Paris. Et si, même officiellement ils choisirent Saint Labre comme patron, parce qu'il était le dernier saint canonisé, comment ne pas y voir l'œuvre de la Providence ? ...

"Cette famille spirituelle tout animée de l'esprit de Monseigneur de Ségur fut particulièrement aimée, encouragée et soutenue par lui. Celui qui devait devenir le saint chanoine Chaumont, fut aussi fondateur des Filles de Saint François de Sales, des prêtres de Saint François de Sales, puis des Fils de Saint François de Sales."


Vie de Mgr Gaston de Ségur
par le Chanoine Michel Evel.
Editions Bonne Presse 1936







A propos de la fondation des « Cercles catholiques pour le service de la classe ouvrière »,
Monsieur Maignen écrit, en 1860 :


« … Nous réclamons Monseigneur de Ségur et le frère Louis de Jésus Porcher comme nos fondateurs. Le premier en animant nos groupes de jeunes gens de la "rue Regard", avec son affabilité, sa joie et son infinie bonté, leur a donné confiance et dignité. Le second, en allant les chercher là où il se seraient perdus, selon le mot du « pauvre Labre », il les a rendu à la vraie vie, pour leur plus grand bonheur ».

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